Patrimoine immatériel
Savoirs et savoir-faire liés aux Khettara d'Errachidia (المعارف والمهارات المرتبطة بالخطارات/إقليم الرشيدية) idpcm:434DD9
Les khettara de la Province d'Errachidia
Communauté concernée : Province d'Errachidia
Les Khettara représentent un ingénieux savoir-faire ancestral de drainage des eaux souterraines.
La kettara « الخطارة », du verbe khatara « خطر» qui veut dire « تدبدب وتحرك » : bouger. Il s’agit d’un système très ancien qui était connu en Mésopotamie et en Perse. En ce qui concerne l’histoire de son implantation au Maroc, les avis sont partagés entre l’époque préislamique et l’époque médiévale islamique. Mais, il est communément admis que la présence du système dit khettara au Maroc remonte à l'époque almoravide. En effet, les almoravides ont fait appel à de nombreux ingénieurs dont Ôbayd Allah ben Younouss, qui a introduit un nouveau système d'extraction d'eau nommé : khettara (الخطارات).
La majorité des khettara de la Province d’Errachidia se localise à Tinjdad, Boudnib, Eljorf, Goulmima, Rissani et Errachidia; et leur histoire remonte à l’époque outtasside, saâdienne et alaouite (avant le 20ème siècle).
La khettara, à Errachidia, consiste en un canal sous-sol, d’une longueur de plusieurs kilomètres (de 3 à 8 km), avec des ouvertures (puits), à chaque 20 à 30 mètres. La distance comprise entre deux puits s’appelle « qantra » (pont). La khettara a une largeur variant entre 50 et 70cm et une hauteur ne dépassanat pas 1, 70m.
La technique de fonctionnement de ce système de captage des eaux souterraines (nappe phréatique, eaux de pluie, neige) est simple: l’eau coule, naturellement, à travers une pente douce, depuis sa source pour atteindre l’embouchure ou son écoulement sur la surface de la terre.
Les khettara sont utilisées pour irriguer les champs (comme c’est le cas dans la région d’Eljorf) et les oasis de Tafilalet ; ou pour alimenter des bassins (région de Goulmima). Les khattara de la région d'ElJorf, par exemple, ont fourni de l'eau d'irrigation pour environ 4 000 hectares et environ 80 000 palmiers.
Les communautés locales ont mis en place tout un savoir ancestral lié au système et à la gestion de la distribution de l'eau des khettara de manière rationnelle et équitable, mettant ainsi en valeur le droit de tout un chacun à l'eau, tout en respectant la période et la quantité d'exploitation. Cet usage traditionnel est basé sur la notion de "Nouba" (« نوبة » unité de temps, qui équivaut à 12 heures). Le nombre de "saisies" varie d'une khettara à l'autre. La personne chargée et payée pour contrôler ce processus de distribution de l'eau est connue sous le nom de «النزال» (annazzal).
A Errachidia, on qualifie la khettara de «سويهلة » (swihla : simple, facile ; et ce en fonction de la difficulté ou la facilité du fonctionnement et du travail lui étant relatif) ; « كبيرة » (kbira : de longueur importante) ; «قديمة » (qdima : ancienne) ; « جديدة » (nouvelle) ; …etc. Elle peut porter le nom de la tribu ou de la communauté qui la possède, le nom d'un qsar « قصر» des qsour de Tafilalet, ou le nom d’un saint patron ou d’une confrérie soufie (comme al khattara al îssawiya), ou le nom d'une tribu comme Khatarat Souihla-Oulad Ghanem, …etc.
La khattara n'est pas seulement un système hydraulique traditionnel ingénieux consistant à conserver et à distribuer l’eau, pour pouvoir bien l’exploiter dans l’irrigation des champs et des oasis, .., elle est aussi considérée comme une source financière pour des groupes de familles qui louent leurs parts d'eau à de nombreux agriculteurs. Elle joue, par conséquent, un rôle économique et social important, qui permet de lutter contre la pauvreté et l’immigration. Elle permet, également, en tant que composante traditionnelle, de renforcer les liens familiaux et communautaires grâce au travail du groupe et au partage.
Il est donc important d’inventorier ces systèmes hydrauliques en tant que patrimoine matériel et les savoirs et savoir-faire en tant que patrimoine immatériel authentique et ancestral et de les faire connaître à l’echelle national et mondial et d’en garantir la pérennité afin de les transmettre aux générations futures comme un témoignage du rôle écologique, culturel, social et économique qu’ils ont joué et qu’ils continuent à jouer depuis une longue histoire.
Références
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فهرست المنشآت المائية لإقليم الرشيدية
لالة بدر السعود العلوي، أمين الشبيهي الموقت، أحمد إيشرخان،" فهرست المنشآت المائية لإقليم الرشيدية"، كناشات التراث -3-، (© منشورات مديرية التراث الثقافي –وزارة الثقافة)، 2018، الرباط، المغرب
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فهرست المنشآت المائية لإقليم الرشيدية
Relations
- Autres relations
- a comme partie Khettara El Kbira
- a comme partie Khettara Ait El Mamoun
- a comme partie Khettara Bni Ouazim
- a comme partie Khettara El Jdida Oulad Youssef El Kassira
- a comme partie Khettara El Guelta Ait Aami Ali
- a comme partie Khettara Dar El Hamra
- a comme partie Khettara El Kabila
- a comme partie Khettara Azraguia
- a comme partie Khettara El Azizia
- a comme partie Khettara El Baghdadiya
Relations inverses
- Chronologie
- Caractéristiques de l'élément
- Personnes et institutions associées
- État de l'élément : viabilité
- État de conservation
- Protection / Statut juridique
Chronologie
Caractéristiques de l'élément
La kettara « الخطارة », du verbe khatara « خطر» qui veut dire « تدبدب وتحرك » : bouger. Il s’agit d’un système très ancien qui était connu en Mésopotamie et en Perse. En ce qui concerne l’histoire de son implantation au Maroc, les avis sont partagés entre l’époque préislamique et l’époque médiévale islamique. Mais, il est communément admis que la présence du système dit khettara au Maroc remonte à l'époque almoravide. En effet, les almoravides ont fait appel à de nombreux ingénieurs dont Ôbayd Allah ben Younouss, qui a introduit un nouveau système d'extraction d'eau nommé : khettara (الخطارات).
Personnes et institutions associées
De plus en plus la jeune communauté locale manifeste un attachement à ce patrimoine ancestral, qui constitue un aspect majeur de son identité culturelle; et elle montre une volonté de le pérenniser.
État de l'élément : viabilité
A côté des menaces pesant sur la pratique, signalons l'immigration des jeunes vers les villes à cause du chômage, la secheresse de certaines khettara et le coût de leur entretien ou restauration. Ils réclament, par conséquent, le recourt à d'autres systèmes plus développés et moins fatigants pour extraire l'eau souterraine.
- Recensement et inventaire des khettara de la Province d'Errachidia, voir :
- https://www.idpc.ma
- لالة بدر السعود العلوي، أمين الشبيهي الموقت، أحمد إيشرخان،" فهرست المنشآت المائية لإقليم الرشيدية"، كناشات التراث -3-، (© منشورات مديرية التراث الثقافي –وزارة الثقافة)، 2018، الرباط، المغرب.
- Les associations et les collectivités locales sont sensibilisées à l'importance des khettara en tant que, d'une part, patrimoine immatériel ancestral ; et d'autre part, au fait qu'elles contribuent à la création des emplois directs et indirects, continuels et saisonniers. Elles (associations et collectivités locales) encouragent, donc, les détenteurs de ce savoir-faire; ainsi que les jeunes à le faire renaitre et surtout à assurer sa pérennité.
- Quelques khettara, malheureusement sèches, sont, actuellement, aménagées en tant qu'espaces exposant les outils traditionnels utilisés dans le travail et les pratiques liés à ce système hydraulique ancestral. Ce genre d'initiative contribue à faire connaitre et à conserver ce mobilier dans son milieu.
État de conservation
Protection / Statut juridique
Localisation

- région : MEKNÈS-TAFILALET
- province : ERRACHIDIA
- commune : BOUDNIB
- commune : ERRACHIDIA
- commune : GOULMIMA
- commune : JORF
- commune : ERRISSANI
Autres informations sur la localisation
- Aire d'étude : Province d'Errachidia