Patrimoine immatériel
Tbourida idpcm:1C03
Tbourida
Communauté concernée : Les communautés, les groupes et les individus concernés par la Tbourida sont, en premier lieu, les tribus du monde rural marocain. En effet, chaque tribu compte une ou plusieurs troupes de Tbourida avec une concentration significative dans les régions de Tadla, Doukkala-Abda, Bni-Amir, Charquaoua, Lahmar, Rhamna, Bni-Ouarayn, Zemmour-Zair, Zayane et Bni Yznassen, Guelmim, Ait Baâmrane, Al Haouz, etc.. On dénombre près d’un millier de troupes dans tout le Maroc. Elles réalisent des spectacles pour animer les moussems (festivals annuels organisées dans les campagnes, avec une portée locale et parfois régionale ou encore nationale) et sont 330 à participer officiellement à un championnat national annuel, composé de concours régionaux, inter-régionaux et d’une finale nationale. Les groupes et les individus concernés par la Tbourida comprennent également les éleveurs et les producteurs de chevaux de race Barbe et Arabe-Barbe, les artisans et les spécialistes de la santé et du soin du cheval (vétérinaires, maréchaux-ferrants, palefreniers, etc.) D'une manière générale, le peuple marocain, qui porte un grand intérêt culturel pour cette discipline, fait aussi partie des communautés concernées.
Selon les sources historiques, la Tbourida est apparue au début du 17ème siècle. C’est une représentation équestre qui simule une succession de parades militaires, reconstituées selon les conventions et rituels arabo-amazighs ancestraux.
Chaque parade de Tbourida est effectuée par une troupe, appelé « Sorba », constituée d’un nombre impair de cavaliers et de chevaux (de 15 à 25), alignés et au milieu desquels se place le chef de la tribu, le « Mokaddem », avec sa monture.
Souvent, avant d’entrer en scène et de chevaucher l’animal sacré, les cavaliers donnent à leur prestation de Tbourida une portée spirituelle. Ils effectuent leurs ablutions puis prient collectivement pour eux-mêmes et pour la communauté.
Ensemble, sous la direction du Mokaddem, cavaliers et chevaux d’une tribu s’apprêtent ensuite à exécuter une parade composée de deux mouvements principaux. D’abord la « Taslima », ou le salut de la troupe à l’assistance, qui entrent au trot en piste et réalisent un maniement d’arme acrobatique, puis se repositionnent à leur point de départ. Enfin, pour la « Talqa », les troupes repartent au galop et effectuent un tir au fusil, à blanc, avant de se retirer. Durant leur prestation, cavaliers et chevaux doivent faire preuve d’un alignement et d’une synchronisation parfaits dans les déplacements et les mouvements.
Dans le but de reconstituer fidèlement les us et coutumes d’antan et de simuler un départ collectif à la guerre, pendant la représentation équestre, les hommes portent des costumes d’époque soignés (incluant notamment un turban, des vêtements drapés, des babouches, un petit livret de coran et une épée traditionnelle) et les chevaux sont harnachés avec du matériel cousu et décoré de manière traditionnelle.
- Chronologie
- Caractéristiques de l'élément
- Personnes et institutions associées
- État de l'élément : viabilité
- État de conservation
- Protection / Statut juridique
Chronologie
Caractéristiques de l'élément
La Tbourida est un héritage du monde arabo-amazigh et qui remonterait. Son berceau s’étend de la Mauritanie à la Tunisie. Aujourd’hui, elle se pratique essentiellement au Maroc
Personnes et institutions associées
La Tbourida est une discipline traditionnelle qui se transmet de génération en génération. Elle peut se transmettre au sein d’une même famille ou d’une même localité géographique.
Dès le plus jeune âge, les enfants vivent la Tbourida. Le cercle familial est le premier lieu d’initiation. Par ce biais, la Tbourida est d’abord transmise via les contes de tradition orale et l’observation des adultes qui la pratiquent. A leur contact, les jeunes s’initient progressivement à la discipline.
Très vite, elle attire des jeunes qui prennent conscience de son caractère spectaculaire et noble et aspirent à la pratiquer. On leur enseigne alors à s’occuper du cheval (le nourrir, le toiletter et nettoyer son boxe), à le harnacher et à le monter. Puis ils rejoignent des troupes pour apprendre la pratique de la Tbourida en exécutant les principales étapes en harmonie avec les autres cavaliers.
Actuellement, 25 troupes de jeunes cavaliers (11 à 16 ans), provenant de toutes les régions du Maroc, participent au championnat annuel. Chaque concours officiel de Tbourida s’ouvre par des prestations réalisées par des troupes de jeunes.
État de l'élément : viabilité
Mesures de sauvegarde et de protection à prendre
1. Mesures relatives à la transmission et à la diffusion de la Tbourida
Il est prévu de créer des écoles d’initiation à la Tbourida, ouvertes aux jeunes générations, notamment scolarisés dans les campagnes, mais également aux urbains désireux de se former.
A cela s’ajoute le projet de création de pôles équestres régionaux du cheval, au centre desquels se trouverait une piste de Tbourida, pour accueillir les entraînements des troupes et les représentations régulières ouvertes au public.
2. Mesures relatives à la documentation, à la recherche et à la promotion de la Tbourida
Les éléments constitutifs de la mémoire collective autour de la Tbourida seront collectés, de manière à sauvegarder et à faire perdurer l’appropriation de l’élément par la population locale.
3. Mesures relatives à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine équin, les chevaux Barbe et Arabe-Barbe.
La Tbourida a vocation à s’effectuer à dos de chevaux autochtones du berceau nord-africain de la discipline. Ces chevaux sont les chevaux de race Barbe, ainsi que les chevaux de race Arabe-Barbe (croisement du Barbe avec le Pur-Sang arabe).
Si aujourd’hui, la Tbourida s’effectue à dos de chevaux de multiples races, notamment à dos de chevaux dont le croisement n’a pas été optimisé, le plan de sauvegarde prévoit que seuls les chevaux de race Barbe et Arabe-Barbe seront autorisés à concourir dans les épreuves officielles.
Par ailleurs, pour doter les cavaliers de chevaux Barbe de bonne qualité, une jumenterie Barbe est en cours de fonctionnement au haras national de Meknès. Grâce à des techniques avancées et modernes de reproduction, elle veille à la rationalisation des naissances de chevaux de race pure, notamment en vue de l’utilisation dans la Tbourida.
Le plan de sauvegarde prévoit également l’optimisation des pratiques de bien-être du cheval, dans les régions reculées du Maroc qui pratiquent la Tbourida. Des actions de sensibilisation sont prévues pour la production de selles artisanales de plus en plus adaptées aux dos des équins, pour la diffusion de pratiques de maréchalerie optimales pour les pieds des chevaux et le recours à des prises minimales de mors.
4. Mesures relatives au cadre juridique
Le plan de sauvegarde prévoit d’encourager les tribus à s’organiser en groupements, associations et coopératives pratiquant la Tbourida, avec une forme juridique reconnue, pour favoriser la gestion de leurs besoins (entraînement, achat de chevaux, achat d’équipement, etc.) et pour être dépositaire de leur patrimoine culturel local.
Durant les années 1990, l’on faisait le constat d’une déperdition des traditions de la Tbourida, du fait notamment du vieillissement des détenteurs de ce savoir, de l’exode rural et du désintérêt des jeunes envers les traditions, au profit des loisirs basés sur les nouvelles technologies.
Par contre, les éléments matériels associés n'enregistrent pas de problèmes de transmission: la confection des éléments associés, notamment de ceux liés à l'artisanat sont toujours disponibles et continuent à faire partie des savoir-faire marocains.
État de conservation
Protection / Statut juridique
Localisation

- région : OUED EDDAHAB-LAGOUIRA
- région : LAAYOUNE-BOUJDOUR-SAKIA AL HAMRA
- région : GUELMIM-ESS SMARA
- région : SOUSS-MASSA-DRAA
- région : GHARB-CHRARDA-BENI HSSEN
- région : CHAOUIA-OUARDIGHA
- région : MARRAKECH-TENSIFT-AL HAOUZ
- région : L'ORIENTAL
- région : GRAND CASABLANCA
- région : RABAT-SALÉ-ZEMMOUR-ZAÏR
- région : DOUKKALA-ABDA
- région : TADLA-AZILAL
- région : MEKNÈS-TAFILALET
- région : FÈS-BOULMANE
- région : TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE
- région : TANGER-TÉTOUAN
Autres informations sur la localisation
- Aire d'étude : Tout le Maroc
- Tbourida est pratiquée dans plusieurs régions du Maroc